L’animal rampe sur moi. Sa peau lisse me hérisse le poil, me serre la mâchoire. Je devine son mouvement ondulant, englobant. Il m’envahit à mesure qu’il avance sur moi, comme l’ombre d’un voile.
Le froid de son sang m’envahit. Je le devine courir en moi, serpentant dans mes artères. J'appuie sur mes mains, je touche mes bras. Je cherche sa palpitation pour l’arrêter. J’ai la sensation que chaque pulsation répand son venin et creuse le nid qu’il se fraye dans mon ventre.
Il est là en moi, je sens l’animal, il s’installe dans le vide qu’il a créé en me dévorant. Mon ventre me semble béant, la douleur est seulement celle du néant qui m’anéantit. Il a pris possession de mon être et se nourrit de ma rationalité.
J’avance dans la pièce, l’idée obsédante de ma solution me tient debout. J’ouvre enfin le bon tiroir et prend le premier couteau à portée de main. Je saisis la lame comme on s’accroche à une bouée dans la tempête et la pointe sur l'abîme totalitaire qui grandit en mon ventre. Je vais me délivrer et sortir le monstre de moi.
Sand









